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lundi 4 juillet 2011

Ce pauvre Alain Juppé ! Poor Mister Juppé!



This text has been previously issued on March 13. 2011 (i.e. before the begin of the Western crusade in Libya) at another adress (see below)

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Vous connaissez la nouvelle ?

Le 27 février 2011, la France a hérité d'un nouveau vice-président de la République, j'ai nommé le meilleur d'entre eux, Alain Juppé. Je cite :

  • L'Est Eclair : "Alain Juppé, le retour en force du "meilleur d'entre nous" (...) En moins de trois mois, le maire de Bordeaux a effectué un retour en grâce spectaculaire, réintégrant le gouvernement, au ministère de la Défense, avant de reprendre, confirmait-on hier de sources gouvernementales, le portefeuille de Michèle Alliot-Marie - un poste qu'il a déjà occupé entre 1993 et 1995. (...) À mesure que l'étoile de la ministre des Affaires étrangères pâlissait, Juppé a pris cet hiver la main sur les grands dossiers diplomatiques, parlant de la crise ivoirienne à l'Onu ou souhaitant ouvertement le départ de Kadhafi en Libye. (...) En prenant la tête du Quai d'Orsay en plein printemps arabe et en plein G20, Juppé devient une pièce maîtresse de l'exécutif dans la dernière ligne droite avant la présidentielle de 2012. (...) À l'heure où la diplomatie française se trouve chahutée de l'intérieur par un groupe d'ambassadeurs anonymes, le ministre de la Défense avait tapé du poing sur la table jeudi. « Aujourd'hui, cette mode qui consiste à montrer du doigt la diplomatie française n'est plus acceptable », a-t-il prévenu, donnant par avance le ton de son ministère.
       Fin de citation

  • Sud Ouest : Alain Juppé en position de force pour le Quai d'Orsay. (...) ll ne manque jamais une occasion de défendre les diplomates, parmi lesquels la révolte couve contre Sarkozy et ses conseillers. « La diplomatie française a été à la hauteur », martèle-t-il. Manière de pointer par contraste les bourdes de sa collègue des Affaires étrangères. Il se rappelle de sa visite à Berlin-Est en avril 1989 (il était alors secrétaire général du RPR), où, six mois avant la chute du Mur, l'ambassadeur lui avait prédit la survivance de la RDA pendant de longues années encore… Manière de défendre les diplomates français d'aujourd'hui, qui, pas plus que leurs collègues occidentaux, n'ont prévu la chute des dictatures arabes. (...) Autant dire qu'Alain Juppé entend remettre du liant dans la relation entre le président de la République et le Quai d'Orsay, durement éprouvé par les passages successifs de Philippe Douste-Blazy, de Bernard Kouchner et de Michèle Alliot-Marie. Mais il veut aussi porter la voix de la France dans le monde… et la sienne dans le débat politique français.
       Fin de citation

  • Les Dernières Nouvelles d'Alsace : Alain Juppé, le nouvel homme fort. (...) Après un passage-éclair au ministère de la Défense, Alain Juppé, qui a repris en urgence hier les Affaires étrangères, s’impose comme un pilier de la droite avant l’élection présidentielle de 2012. (...) Appelé à la rescousse pour rétablir l’image de la France à l’étranger, ternie par l’affaire Alliot-Marie et les errements de la diplomatie française dans le monde arabe, l’ex-Premier ministre profite d’un premier passage remarqué au Quai d’Orsay (1993 à 1995) et renforce son image d’homme d’Etat. (...) Il apparaît désormais comme l’homme fort du gouvernement, et rivalise du même coup avec le Premier ministre François Fillon. 
       Fin de citation

Et puis, patatras ! Comme dirait l'autre : "Chassez le naturel, il revient au galop !"
Entendez qu'il a suffi d'un appel téléphonique de Bernard-Henri Lévy depuis Benghazi (c'est Lévy lui-même qui s'est répandu dans les médias) pour demander au président de la République française - et à quel titre, je vous le demande !? - d'organiser une rencontre avec les insurgés opposés à Khadafi... Aussitôt dit, aussitôt fait ! Et voilà l'Union Européenne prise de court, et voilà un sommet extraordinaire organisé à Bruxelles, et voilà, et voilà... Et voilà quoi ? Rien. Trois fois rien. Du pipi de chat !
Pauvre Alain Juppé, bien éphémère ministre français des Affaires étrangères.
J'en connais une qui doit être morte de rire, les doigts de pieds en éventail, prenant des vacances bien méritées, loin d'un certain vibrion hystérique !
Cette chère MAM.
Michèle Alliot-Marie martyrisée, Michèle Alliot-Marie humiliée, Michèle Alliot-Marie vilipendée, mais Michèle Alliot-Marie libérée. "Ouf", doit-elle penser aujourd'hui. "Ne plus avoir à subir les oukases et les sautes d'humeur de ce mauvais chef, de ce médiocre caporal, qui se prend pour un général." En tout cas, ça doit lui faire des vacances, à Alliot-Marie, comme à Rachida Dati ou à Rama Yade, d'ailleurs, que de ne plus avoir à apparaître les mercredis lors de ces séances de torture psychologique que doivent être les conseils des ministres. Et de Michèle Alliot-Marie, je dois affirmer, bien que n'étant pas de son bord politique, qu'elle fut un grand ministre de la Défense, qui a su gérer le "merdier" ivoirien avec doigté, alors que les choses auraient fort bien pu dégénérer de manière explosive !
Bien évidemment, ne demandez pas à certain ancien avocat ce que dit  le droit international en matière de déclaration de guerre, ni ce que c'est qu'un "casus belli" ou une insurrection !
Cette propension à causer dans les micros, pour faire machine arrière-toute l'instant d'après, ça commence vraiment à devenir une marque de fabrique ! On nous avait pourtant assuré qu'avec Juppé, les choses allaient se passer autrement, tu parles !
Les protestations véhémentes d'un groupe de diplomates de haut rang sont encore dans toutes les mémoires, qui pourfendaient l'amateurisme de la diplomatie française, peu au fait des us et coutumes en la matière.
  • Extrait du papier incendiaire du Groupe Marly : "Amateurisme ? En confiant au ministère de l'écologie la préparation de la conférence de Copenhague sur le changement climatique, nous avons abouti à l'impuissance de la France et de l'Europe et à un échec cuisant. (...) Préoccupations médiatiques ? La tension actuelle avec le Mexique résulte de l'exposition publique d'un dossier qui, par sa nature, devait être traité dans la discrétion. (...) Manque de cohérence ? Notre politique au Moyen-Orient est devenue illisible, s'enferre dans des impasses et renforce les cartes de la Syrie. Dans le même temps, nos priorités évidentes sont délaissées. Il en est ainsi de l'Afrique francophone, négligée politiquement et désormais sevrée de toute aide bilatérale. (...) Notre politique étrangère est placée sous le signe de l'improvisation et d'impulsions successives, qui s'expliquent souvent par des considérations de politique intérieure. Qu'on ne s'étonne pas de nos échecs. Nous sommes à l'heure où des préfets se piquent de diplomatie, où les "plumes" conçoivent de grands desseins, où les réseaux représentant des intérêts privés et les visiteurs du soir sont omniprésents et écoutés. (...) Il n'est que temps de réagir. Nous devons retrouver une politique étrangère fondée sur la cohérence, l'efficacité et la discrétion."
       Fin de citation
On croyait que la parole de ces professionnels de la diplomatie avait été entendue. Peine perdue ! Et voilà le diplomate autoproclamé Bernard-Henri Lévy, tellement plus soucieux de la santé des insurgés libyens que de celle des enfants de Gaza et de Cis-Jordanie, qui vient entonner le grand air du pharisien !
Et voilà la France entraînée dans une bien improbable reconnaissance d'une clique dont on se demande d'où elle peut bien tirer sa légitimité, Benghazi se situant à un bon millier de kilomètres de Tripoli et au moins autant du sud de la Libye. Et pourquoi diable ces gens-là, à Benghazi, seraient-ils représentatifs de l'ensemble de la population libyenne, voire simplement de l'ensemble des opposants au régime de Khadafi ?
Mais qu'est-ce que je raconte là ? Le plus important, pour Bernard-Henri Lévy, n'était-il pas de passer devant les objectifs des photographes, alors qu'il montait les marches du perron de l'Elysée, tout en se gardant bien, détail croustillant, de se montrer sur la photo de famille, sur le même perron de l'Elysée !
Le résultat des courses ?
N'est-il pas pitoyable d'entendre le généralissime français, après le sommet européen de Bruxelles, se contenter de platitudes comme ce qui suit ?
A l'issue du Sommet, le président Nicolas Sarkozy s'est rallié à l'avis de la majorité se gardant bien d'évoquer un quelconque cavalier seul avec la Grande-Bretagne. « J'ai été le premier à émettre des réserves sur une zone d'exclusion aérienne pilotée par l'OTAN », a-t-il rappelé. « Mais que se passerait-il si une manifestation pacifique était la cible des avions de Khadafi ? Devrions nous nous contenter de regarder les images ? C'est pourquoi j'ai parlé d'actions ciblées au cas où les populations civiles sans défense seraient attaquées, et à condition d'avoir le mandat des Nations Unies et le soutien de la Ligue arabe et bien sûr des représentants libyens ».
Fin de citation

Vous avez compris que nous étions en présence d'une capitulation en rase campagne ou faut-il que je vous fasse un dessin ?
Alors, expliquons : les fameuses frappes aériennes, voire la zone d'exclusion aérienne, c'est bidon et compagnie. En clair, on oublie tout. Pourquoi ? Parce qu'une intervention militaire éventuelle de la France se trouve suspendue à trois conditions clairement (!) définies :
1. il faut que les manifestations contre Kadhafi soient pacifiques et concernent, donc, des populations sans défense. En clair, si les manifestations ne sont pas pacifiques et impliquent des groupes armés, aucune intervention française n'est envisageable. Il se trouve simplement que les télévisions du monde entier sont en Libye et nous abreuvent d'images d'insurgés équipés de toutes sortes d'armes, des plus légères (fusils, mitraillettes, Kalaschnikovs et lance-roquettes) aux plus lourdes (canons anti-aériens montés sur des camionettes, chars d'assaut). Ceux-là auront le plus grand mal à plaider "le pacifisme de populations sans défense" ;
2. il faut un mandat des Nations Unies, et là on se dit : "Ah bon ?". Le fait est que Bernard-Henri Lévy n'a à aucun moment semblé conditionner une intervention française à un quelconque mandat onusien. Parce que si cette condition avait été aussi décisive, dans l'esprit des protagonistes, Lévy n'aurait-il pas dû appeler plutôt Ban Ki Moon ?
3. il faut le soutien de la Ligue arabe et bien sûr (sic !) des représentants libyens, cette dernière formule, aussi floue qu'imprécise, étant des plus étranges : représentants libyens veut dire représentants de qui, en Libye, de l'opposition ? Mais alors, pourquoi ne pas l'avoir précisé ?
Et comme de bien entendu, les trois conditions sont cumulatives, ce qui veut dire qu'il faut que les trois clauses soient présentes, simultanément, ou alors, je ne sais plus parler français !
Vous savez quoi ? Moi qui n'ai jamais été un admirateur de ce caudillo d'un autre âge que fut "le grand Charles", j'ai comme une folle envie de m'écrier : "Reviens De Gaulle, ils sont devenus fous !"


P. S. (15.03.2011)


Il se trouve que je lis régulièrement ce qui paraît dans la presse, notamment en ligne, ce qui vaut de tomber souvent sur des papiers relevant du tout et n'importe quoi, à l'instar de ce qui suit (source : lemonde.fr)

Citation :

La situation est paradoxale. Le régime libyen perd chaque jour un peu plus de soutien dans la communauté internationale. Traité comme un paria, mis au ban des nations, pestiféré et décrété "illégitime", il est abandonné par ses derniers alliés. Il est condamné. (...)

Au rythme des combats – ils opposent des insurgés sous-équipés et sous-entraînés aux troupes suréquipées du Guide –, le fief de l'opposition libyenne, la ville de Benghazi, dans l'est de la Libye, sera bientôt à portée de fusil de la soldatesque kadhafiste. En l'état actuel des forces en présence, rien n'arrêtera l'armée libyenne. (...)

Le régime de Mouammar Kadhafi est jugé illégitime par les Etats-Unis, l'Europe et même la Ligue arabe, qui l'a exclu de ses rangs. Il vient de perdre l'un de ses derniers soutiens à l'ONU: la Russie. 


Le président Dmitri Medvedev a annoncé, lundi 14 mars, que Kadhafi et sa famille étaient persona non grata à Moscou et n'avaient pas le droit d'y effectuer des transactions financières.

Chaque jour, l'opposition, regroupée au sein d'un Conseil national transitoire, gagne en reconnaissance internationale.

La France n'a pas convaincu l'Europe de la nécessité de décréter une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la région des combats; elle n'a pas convaincu non plus les ministres des affaires étrangères du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie) réunis ces jours-ci à Paris. (...)

Une intervention, serait-elle a minima, comporte toujours d'énormes risques. Mais ceux que l'inaction ferait courir à la population libyenne s'annoncent plus graves encore. On sait ce dont Kadhafi est capable; il a prévenu qu'il mettrait le pays à feu et à sang. (...)

Nicolas Sarkozy a raison. Il faut un geste militaire pour aider les rebelles à sanctuariser Benghazi. Ce peut être une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la ville. Américains et Européens en ont les moyens, largement. Il est temps de les mettre en œuvre. (...)

Article paru dans l'édition du 16.03.11


Visiblement, l'auteur de ce papier n'a pas dû bien lire ou écouter les déclarations de Nicolas Sarkozy, telles que je les mentionnais plus haut. Je lis, par exemple, que Nicolas Sarkozy a raison. Il faut un geste militaire pour aider les rebelles à sanctuariser Benghazi... Et moi qui croyais que Sarkozy ne voulait aider que des populations manifestant pacifiquement !

"Au rythme des combats – ils opposent des insurgés sous-équipés et sous-entraînés aux troupes suréquipées du Guide..."

Question : qui a pris l'initiative des fameux "combats" et que peut bien signifier ce terme sinon une confrontation entre groupes armés ? On pense à la Géorgie, qui prend, le jour même de l'inauguration des Jeux Olympiques, à Pékin (08.08.08), l'initiative hasardeuse d'une attaque militaire contre un territoire protégé par Moscou, pour venir, ensuite, pleurnicher - en tout cas, son imprudent de président, relayé, il est vrai, par... Bernard-Henri Lévy ! - devant les représailles russes.

Quant au régime libyen qui perdrait chaque jour un peu plus de reconnaissance internationale, notamment le soutien de la Russie, on aimerait savoir, alors, pourquoi cette fameuse Russie, désormais anti-kadhafiste, ne vote pas avec les autres le bombardement ou l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne !

"Traité comme un paria, mis au ban des nations, pestiféré..." : j'aimerais savoir quelles sont ces nations qui traitent Kadhafi comme un paria ou un pestiféré, sachant que l'ONU en compte plus de cent quatre-vingt-dix ! J'ai l'impression que Le Monde réduit - mais on commence à avoir l'habitude ! - la "communauté internationale" à une poignée de puissances (ex)coloniales et à leurs satellites, soit une petite cinquantaine d'Etats, guère plus !

"Abandonné par ses derniers alliés..."

Franchement, quand donc les journalistes se contenteront-ils de nous communiquer des informations fiables et honnêtes, tout simplement, sans chercher à chaque fois à nous vendre leur petite camelote idéologique ?

Kadhafi serait ainsi abandonné par ses derniers alliés, à l'instar d'Omar El Béchir sans doute, que l'on voit se promener partout, d'un pays arabe à un pays africain... Prenons l'Afrique, dont Kadhafi porte l'effigie en bonne place sur son coeur. Combien sont-ils, les États africains, à avoir pris leurs distances avec la Libye, quand on connaît le nombre de mouvements nationalistes africains - dont certains sont aujourd'hui au pouvoir - à avoir bénéficié des subsides et du soutien matériel de la Libye ?

"On sait ce dont Kadhafi est capable ; il a prévenu qu'il mettrait le pays à feu et à sang..."

Ben voyons ! Il a aussi annoncé aux "rebelles" que ceux qui  déposeraient les armes maintenant seraient graciés ; mais cette déclaration-là n'a pas dû effleurer les oreilles du rédacteur du Monde.


Petit supplément illustré

Comme preuve que les insurgés libyens ne sont pas de pauvres agneaux sans défense, même s'il y a de la désorganisation et de l'amateurisme dans l'air (sources : BFM-TV, 14.03.2011 ; TF1, 15.03.2011).


libya

libye

khadafi